Home Ballina Marilyne Bertoncini

Marilyne Bertoncini

2822
0

Marilyne Bertoncini, co-responsable de la revue Recours au Poème  (recoursaupoeme.fr ) docteur en Littérature, spécialiste de Jean Giono, collabore avec des artistes, vit, écrit et traduit. Ses textes et photos paraissent dans diverses revues françaises et internationales, et sur son blog  : http://minotaura.unblog.fr.  Ses poèmes sont traduits en hébreu, en bengali et en anglais. Ses traductions de poètes anglais et australiens  et son premier recueil, Labyrinthe des Nuits, sont parus chez Recours au Poème éditeurs, comme sa traduction des poèmes de Ming Di, Livre des 7 Vies, et Histoire de Famille, illustrés par Wanda Mihuleac, aux éditions Transignum en mars 2015. Le numéro 453 d’Encres Vives (avril 2016) a publié une première version de La Dernière œuvre de Phidias, qui sort suivi de L’invention de l’absence chez Jacques André éditeur en 2017. Aeonde (éditions La Porte) et « Le silence tinte comme l’angelus d’un village englouti »(éditions imprévues) sont aussi parus en 2017.

Le prix d’honneur Naji Naaman 2017 a été attribué au manuscrit encore inédit de L’Anneau de Chillida.

 

 

INDIAN L/INK

Translucent and moving jade cave,

the mulberry tree with its chiseled leaves

gives you the amphibolic shelter

of its flickering shadows

and the soft  glare of  the fruits

the color of  Indian

ink

 

Sitting in its shadow

you watch them

shine and disappear according to

the beam that hits with each tremor of the leaves

and their dark silk

in the feverish summer wind

 

So black and long, just like

beetles –

once, one of them flew –

shadow upon shadow, from your startled

fingers

and sweet and sticky,

they stain the fingers

and the corner of the mouth

with a scented ink

 

One more and another –

On the tip of your toes

you reap with your fingers a stellar infinity

under the dark vault of the mulberry tree

rustling with blond wasps

circling the trunk as if it were a mast

the axle of a world which includes you

takes you away

in a return journey

a trip enshroud in silk

back to one’s own

depth

 

*

 

The mulberry tree is an Indian

Link

and the poet- a shadow picker

picking the beetle-

colored mulberries –

dives

to the antipodies of this world where words

are unequivocal

and seizing the garnet

drifts in the deep sea where his dream

drives him

 

*

 

There

in the India of the mulberry with its endless branches

the words

– like the granules

of the fruit between your fingers

cluster

 

morula –

 

the embryogenesis of the poem

 

in the hyperlink

melting

ink

and sugar

black

Indian

L/ink.

 

(translated by the author)

 

 

AENCRE DE CHINE (published by éditions Transignum and revue Arpa)

 

Translucide et mouvante grotte de jade,

le mûrier-platane aux feuilles ciselées

t’offre l’abri amphibole

de ses ombres tremblantes

d’où jaillit l’éclat sourd des mûres

couleur d’encre

de Chine

 

Assise dans son ombre

tu les guettes

Elles brillent puis disparaissent selon

le rayon qui les frappe sous le frisson des feuilles

et leur soie sombre

au fiévreux vent d’été

 

Noires et longues comme

des scarabées –

naguère, l’un s’envola,

ombre sur ombre, entre tes doigts

surpris –

et poisseuses et sucrées,

elles tachent les doigts

et les coins de la bouche

d’une encre parfumée

 

Encore une, puis une –

 

 

*

 

 

sur la pointe des pieds

tu moissonnes des doigts un infini stellaire

sous la voûte nocturne du mûrier-platane

bruissant de guêpes blondes

tournant autour du tronc comme un mât de navire,

l’axe d’un monde qui t’englobe

t’emporte

dans un voyage à rebours

un voyage en soie

un retour au fond

de soi

 

*

 

Le mûrier est ancre

de Chine

et le poète-cueilleur d’ombre

cueillant les mûres

couleur d’escarbot –

plonge

aux antipodes de ce monde où les mots

sont univoques

et saisit l’escarboucle

flottant dans les grands fonds où le rêve

le porte

 

dans la Chine du mûrier aux infinies ramures

les mots

– comme les granules

du fruit entre tes doigts

s’agglomèrent

 

morula –

 

l’embryogenèse du poème

 

dans l’hyperlien

fondant

encre

et sucre

noire

ancre

de

Chine.

 

Marilyne Bertoncini

http://www.recoursaupoeme.fr/

https://twitter.com/marilynebp

http://minotaura.unblog.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here