Bruno Ferron is a French poetry writer living in Paris. After several attempts at “classical” writing, he discovered the phenomenon of twitterature and was passionate about this new medium where conciseness is the rule. He adopted this constraint and began to twitter his first poems in less than 140 signs. Over time, his words feeling a bit cramped on Twitter, he was looking for a way to offer them more space. It was at this time that he discovered the authors community website ipagination.com which not only allowed him to give a new dimension to his texts but also to broaden his readership. During three years, he shared a hundred poems that were read more than 30,000 times. Several of his texts have been selected to be told during the public reading program “Voyage au bout de la nuit” on French TV. These events, as encouragement, gave him the audacity to consider a publication of his most emblematic texts in paper format. Thus his first collection “Coming out poétique” was born.
Bruno writes the hollow to emphasize the full, the negative to reveal the positive, obliging himself to the codes of versified poetry to better affirm his purpose. For him, the main thing is to tell stories, our stories of fragile and fallible humans, our stories of brave and magnificent humans. He is very attached to the musicality of verse which, it seems to him, gives strength to words without making them hysterical.
Bruno Ferron est un auteur de poésie français vivant à Paris. Après plusieurstentativesd’écriture « classique », il découvre le phénomène de la twittérature et se passionne pour ce nouveau média où la concision est de règle. Il adopte cette contrainte et commence à twitter ses premiers poèmes en moins de 140 signes. Au fil du temps, ses mots se sentant un peu à l’étroit sur Twitter, il cherche un moyen de leur offrir davantage d’espace. C’est à cette époque qu’il découvre la plateforme communautaire d’auteurs ipagination.com qui lui permet non seulement de donner une nouvelle dimension à ses textes mais aussi d’élargir son lectorat. Pendant trois ans, il y partage une centaine de poèmes qui sont lus plus de 30 000 fois. Plusieurs de ses textes sont sélectionnés pour être dits au cours de l’émission de lecture publique « Voyage au bout de la nuit » sur la TV française. Ces évènements, comme autant encouragements, lui donnent l’audace d’envisager une publication de ses textes les plus emblématiques au format papier. C’est ainsi que naît son premier recueil « Coming out poétique ».
Bruno écrit le creux pour souligner le plein, le négatif pour révéler le positif, s’obligeant aux codes de la poésie versifiée pour mieux affirmer son propos. Pour lui, l’essentiel est de raconter des histoires, nos histoires d’humains fragiles et faillibles, nos histoires d’humains courageux et magnifiques. Il est très attaché à la musicalité des vers qui, lui semble-t-il, donne leur force aux mots sans les rendre hystériques.
La mélancolie du rose
Parfois, il s’imagine en rouge flamboyant
Qui d’audace colore des hommes les jours gris.
Lui qui blêmit souvent à se confondre au blanc
Tel un pétale à terre par la pluie apâli,
Le rose porte en lui en tout lieu en tout temps
Le délicieux fardeau de sa mélancolie.
Scellant à son destin la volonté des dieux
De ne pas exaucer son rêve d’éternel,
Il dut, à contrecœur, s’unir au froid du bleu
Pour obtenir sa place dans le grand arc-en-ciel.
Depuis, après l’orage, dans l’air encore fiévreux,
Perdu dans le violet, le rose se pastelle.
Il fit de cette peine, après un long combat,
Une douce compagne, fidèle aux jours moroses.
Elle est son âme sœur, elle est son cœur qui bat,
Une muse et la mère de sa métamorphose
Quand voyant des flamands à la robe sépia,
Sourire sur les lèvres, le rose cria « Ose ! »
Les deuxsœurs
Ici, dans un silence, là, sous une mantille,
De dangereux repaires elle fut débusquée ;
Mais toujours à l’affût de pauvres jeunes filles,
Elle parfait les ruses dont elle a le secret.
Elle ourdit les intrigues des plus odieux tyrans
Attendant patiemment au fond de sa cachette.
Ses fidèles alliées, les peurs analphabètes,
Savent que jouent pour elle les arcanes du temps.
La voilà de retour – la patience a du bon –
Et, tapie bien au chaud dans un bout de tissu,
Déjà elle s’en-arme et forme bataillons
En noble guerrière… l’hypocrite Vertu !
Comme à son habitude, si on la dit dévote
Et que de la Raison elle a fait son otage ;
« Je suis une victime ! » crie-t-elle sans ambages,
« C’est le Stupre et l’Impur qui tous les deux complotent ! »
Pour cette comédienne, le monde est une scène
Qu’elle partage avec son adorable sœur
Qui dans les corps ne voit rien d’autre que l’obscène ;
Mesdames et messieurs… l’indécente Pudeur !
Ensemble, les deux sœurs, arrivant côté cour,
Déclament savamment à leur jeune public
Que les esprits rebelles n’ont que ce qu’ils méritent,
Que le respect se gagne sous de décents atours.
À la fin de la pièce, les spectateurs acclament
Ces divines divas pourfendeuses du Vice.
Pour être enfin quelqu’un, il faut cacher ces charmes
Qui se terrent en nos corps, dans le moindre interstice.
Le mensonge est si doux que certains l’ont fait dogme.
Rejoins la Vérité ! Ami, mettons à poil
Ces mystificatrices de l’ère féodale.
Combattons à mots nus, sans autre ultimatum !
Court 10
Se peut-il qu’encore
Mon cœur batte plus fort ?
Se peut-il qu’enfin
Je redevienne quelqu’un ?
Dans le paradis noir
Où l’âme se repent
J’ai vu poindre un espoir
J’ai vu naître le temps
La fin et le début
C’est la fin d’un malentendu
L’éphémère est notre destin
Qui semble éternel au matin
Au soir fatal périt vaincu
Le jour se meurt la nuit l’étreint
Dans un combat herculéen
Un duel à la cruelle issue
Sans faillir elle prend le dessus
Repose en paix ami qui fus
De nos joies et de nos chagrins
Le témoin le plus assidu
De longues heures l’air de rien
Voilà c’est le bout du chemin
C’est la fin… et c’est le début
D’une mort naît un lendemain
Qui à son tour… aura vécu
Sur cette plage sous la nue
Nous assistons les yeux émus
À l’agonie du quotidien
L’air est doux les esprits sereins
Enivrons-nous de ce déclin
Et mettons nos âmes à nu
Oublions nos causes perdues
Elles attendront jusqu’à demain